jeudi 2 février 2012

Edito janvier 2012

                               Le monde de la finance :
                "Entre vieilles solutions et nouveaux défis"


Entre la taxe Tobin et le rejet du « monde de la finance », la sphère financière, sa place et son fonctionnement, sont devenus des enjeux politiques dans la course à la présidentielle. Au-delà du débat d’idée et des décisions politiques à venir, ce billet fait le point sur les nouvelles règles du jeu déjà appelées à bouleverser le paysage bancaire, tout en soulevant des éléments de débat intéressant directement nos concitoyens.
 Sous la pression des marchés, les banques européennes sont d’abord soumises à un renforcement accéléré de leur base de fonds propres, il leur faut ainsi trouver près de 120 Milliards d’euros de fonds propres, de la meilleure qualité (Core Tier 1) avant le 30/6/2012.Ensuite dans le pilotage interne de leur liquidité, les banques vont devoir disposer de coussins d’actifs hautement liquides pour faire face à des épisodes de fuite de liquidité. Un ratio spécifique, applicable en 2015, le LCR (Liquidity Coverage Ratio) les contraint ainsi à revoir leurs équilibres bilanciels, les réallocations attendues porteront sur près de 1 000 milliards d’euros à l’échelle mondiale. Un second ratio, prévu lui pour fin 2018, le NSFR (Net Stable Funding Ratio), réduira pour sa part leur capacité de transformation, c'est-à-dire en gros leur capacité à utiliser les dépôts de court terme pour financer l’économie en prêtant à moyen et long terme. Le redéploiement attendu est cette fois chiffré à 1 800 milliards d’euros.
 Entre le renforcement accéléré de leur solvabilité et le durcissement des exigences de liquidité, les banques européennes sont donc d’ores et déjà happées par le mouvement de deleveraging durable qui les contraint à revoir à la baisse leur place et leur rôle dans l’économie.En complément de ce corsetage réglementaire déjà acté, la sphère politique verse peu d’éléments novateurs dans le débat. En particulier la taxe Tobin et la séparation des activités de BFI et de banque commerciale sont des idées anciennes, lancées il y a plus de 30 ans pour la plus récente…Pourtant la sphère financière d’après crise, fait bel et bien débat et appelle des solutions nouvelles pour compléter la refonte du cadre réglementaire.
 En éliminant les acteurs les plus fragiles, la crise de 2008-2009 a en effet conduit à l’émergence d’un système bancaire plus concentré et donc en un mot plus systémique et oligopolistique qu’auparavant. L’assurance contre le risque systémique et la reconstitution des marges dans un environnement moins concurrentiel impactent pourtant directement le niveau de richesse dont disposent les citoyens. De même, la nature procyclique, de la sphère financière en alimentant des bulles spéculatives et les situations de surendettement, fait elle aussi débat. Face à un fonctionnement qui reste instable, un débat existe en effet sur le degré de sécurité et de responsabilité financière auxquels aspirent les citoyens.